EMBRACE THE LIGHT

du 10/04/22 au 28/05/22

Minia Biabiany,  Mirtho Linguet, Tabita Rézaire, Séphora Joannes & Emmanuel Rivière, Ernest Breleur, Linda Lopez, Jérémie Paul, Floryan Varennes 

Vernissage le 10 avril, de 14h00 à 18h00.

Pour sa (ré)ouverture, la Maëlle Galerie présente “EMBRACE THE LIGHT”. Olivia Maëlle Breleur introduit son nouvel espace avec une exposition chorale, foncièrement humaniste, intime bien qu’ostensible. Il s’agit d’un cri du cœur, une intuition, un acte de bienveillance. La femme caribéenne, la mère active, la galeriste passionnée, partage ses états pour parler aux vivants. Si la galeriste pare cette exposition inaugurale du tel aphorisme, optimiste en soi, c’est que sa réalisation fut un tel objet de désir, d’une évolution imprévue ; un périlleux périple au déroulé cathartique, qu’elle choisit de signifier et de partager avec le spectateur. 

À mi-chemin entre le personnel et le professionnel, la genèse de cette exposition émane d’une synthèse d’émotions, de pensées, de souvenirs, d’expériences, de fatalités et de résilience, là où l’horizon et la lumière apparaissent, transformant l’espace d’exposition comme une mise en abîme de figures et d’idées, esquissant une réflexion sur les rapports entre le corps et l’esprit, convoquant animisme, ésotérisme et mysticisme. Assumant son point de vue subjectif, elle propose au visiteur de s’immerger dans l’interstice entre esprit et spiritualité. Cherchant la collision des références, la rencontre des symboles et l’alliance des artistes, elle utilise délibérément son vécu comme un lien fédérateur. Elle noue et dénoue les signes, feuilletant et mêlant ses origines, ses influences personnelles où se croisent les us de son identité créole, les aspirations de l’Homme contemporain, face à la conjoncture fracturée de l’époque dans laquelle nous évoluons.

L’intention de cette exposition tend ainsi à faire disparaître la topologie des précédents espaces pour proposer un ailleurs, ici même, par de subtils saisissements. La galeriste réalise une intervention profondément engagée où le visiteur est invité à dépasser la perception ordinaire, à engager un troisième œil. Celui-ci est entraîné dans une transe des formes et des pratiques spatiales, au croisement des interprétations visuelles, de l’anthropologie et du rituel. De l’intention à la réalisation, des épreuves à l’aboutissement, du rêve au réel… Le visiteur est au plus près de la cognition de l’instigatrice et arpente des territoires empruntés à la tradition ancestrale afro-latino-caribéenne et à la conscience collective.

Nous rappelant la catachrèse des “rayons et des ombres”, l’œuvre “A mental-cide / un bain démarré”, de Mirtho Linguet, visuel de l’exposition, nous engage d’emblée dans cette atmosphère transcendantale, composée d’ombres prégnantes et d’un radiant faisceau de lumière. EMBRACE THE LIGHT. Le bain démarré, pratique de purification du corps et de l’âme, symbolique et curatrice, introduit l’acuité sensible de l’être et le besoin de régénération de l’esprit. Des maux du vivant autant que ses forces, d’un vaste patrimoine déprisé, d’une société précipitée et manipulée, on explore ici quelques miscellanées de remèdes contemporains.

À l’instar de “Peaceful warrior”, de Tabita Rézaire, œuvre matérielle et digitale à la fois, qui poursuit cette voie de recours à la mémoire et de propositions de nouveaux moyens de rétablissement. L’objet-améthyste, porte-bonheur intemporel, accueille ainsi en son sein, un art-vidéo déconcertant, indiquant de nouveaux outils-soins. Déformant le langage visuel, les notions de nature et de culture sont confondues, s’enchevêtrent. L’art n’est-il pas fait pour troubler, si ce n’est éveiller ? De nos histoires et nos ancêtres, il y a un héritage en partage. Les œuvres interviennent comme de précieux talismans, insignes protecteurs et galvanisant par bribes métaphoriques ou métamorphiques, le monde ordinaire.

Du chaos naissent les étoiles… D’elles, l’Univers.

Là, s’unissent tous les prismes et le particulier devient universalité ou serait-ce l’inverse ? Là où Ernest Breleur nous attire avec “ Le vivant, passage par le féminin”, au cœur de son ovale translucide, figure cosmique, fondatrice de toute chose et pourtant impalpable. 

L’ensemble des œuvres vibre en une symphonie ovidienne aux allures de rite initiatique ou de passage. L’exposition est une interprétation distendue des fonctionnements et dysfonctionnements qui se produisent entre les corps et leurs environnements, et comment ils réconcilient leurs relations. L’expositionentremêle formes naturelles et formes construites, de perturbations, entre leg ancestral chargé d’histoire et espace en devenir. C’est une constellation de cycles à vivre, à la fois dense, mélancolique et poétique où les éléments se répondent les uns aux autres, comme un paysage à la lisière de l’intime, de l’imaginaire, entre l’espoir et la mémoire, entre le réel et la projection.

Si atteindre la lumière nous semble un idéal inaccessible, le propos de cette exposition évoque d’autres issues originales, poétiques, et entend la création comme un outil existentiel et réactif, entre espoir et aspiration… D’un monde sensible. Rétabli.

Nina Sales