Bioperversity

from 12/06 to 18/07/15

Malysse

 Une grande diversité d’espèces végétales sont la cible des bioperversités1 de l’artiste-anthropologue MALYSSE. Soumises aux multiples méthodes de la dilacération, à des tortures dignes de Nuremberg comme à des traitements esthétiques de pointe, les plantes séchées-exposées se transforment en individus végétaux-mutilés, repeints comme dans certains rites funéraires, sans vie. 

(…) L’Herbier de Jean-Jacques Rousseau victime de la Bioperversité, 1772-2012, est constituée de fragments originaux de l’herbier de Rousseau, offerts à l’artiste par un collectionneur anonyme Suisse. À travers un processus créatif-destructif adapté au public de l’art contemporain, ces taxidermies de plantes (arrachées à leur milieu par le grand philosophe de la Nature) assument leur rôle de victime de l’homme naturel, un être de sensations qui, d’après Rousseau, ne peux devenir un loup pour ses propres congénères …

Dans la lignée d’une production intellectuelle et politique qui l’a souvent condamné à l’exil, Rousseau s’est exposé à une vie retirée et solitaire. Par option, il fuit la compagnie des autres hommes et devient misanthrope. À cette époque, il se complait dans la Nature : son grand intérêt pour la botanique et sa passion pour la biodiversité, le pousse à récolter de nombreuses espèces et, dans la tradition encyclopédique, de constituer un herbier. Dans ses promenades solitaires, il collecte les plantes, qu’il offrira ensuite avec ses lettres, séchées et pressées comme ses sentiments, à toutes les femmes qui, comme Madame Delleserre ou Mademoiselle Broye-de-la-Tour hantent son coeur…
En réinsufflant couleur et vie au Fucus ou Mousse Marine, à L’Hépatique des jardins, à la Renoncule à tresse d’Or et à la petite Courroyette, l’artiste amplifie sa tendance sadique-écologique et s’aventure dans les territoires visuels de la séduction romantique – séduction proposée par Rousseau aux femmes du XVIIIe et par MALYSSE aux collectionneuses d‘Art contemporain du XXIe.

La Maëlle Galerie confronte la série bioperversité à la série des bioperversités familiales au travers d’une sélection de photographies et de vidéos de l’artiste, oeuvres totalement inspirées par son Manifeste de la Bioperversité. Héritier des traditions Libertines et Sadiques des romantiques du XVII, le discours satyrique-barbare de MALYSSE met le doigt sur une idée forte : expliciter les pratiques d’emprisonnements, de consommation et de défiguration contemporaines qui cherchent à perfectionner les formes de la Nature.

Mariana Coggiola, Brésil

 (1) Néologisme d’influence lacanienne, en anglais : Bioperversity