Xerox

du 12/02 au 27/02/16

EDUARDO KAC, CLAUDIO PERNA, ÉLÉONORE SCHÖFFER

Éléonore NADA plus communément appelée Éléonore Schöffer partage avec nous une partie de son travail, le fruit d’une oeuvre réalisée dans le plus grand secret, jamais exposée auparavant et qui propose un dialogue avec les oeuvres d’Eduardo Kac et de Claudio Perna, figures majeures de l’art contemporain du Brésil et du Venezuela.

«Exister-est-un-plagiat» Cioran

Une Photocopie est avant tout un évènement – sans aucun doute – autobiographique et documentaire qui prétend recréer le moment même de sa genèse. Elle se sert de la dualité pour engendrer de la sensation et sa substance radicale, en un paradoxe : elle confère au corps-origine sa catégorie d’originale puisqu’étant instantanée dans l’instant elle ne peut pas être répétée, mais reproduite.
Grâce à ces caractéristiques l’art conceptuel a trouvé dans les Xerox un allié idéal pour concrétiser une de ses opérations basiques : transformer l’objet en simple enregistrement subordonné à l’action dont elle reçoit la valeur symbolique, nominative et quantitative de l’oeuvre.

Ce que les artistes conceptuels des années 70 ne purent prévoir est que cette transgression introduit un autre débat centré sur la déshumanisation de la corporalité dans l’espace technologique. En soumettant le corps à la photoconductivité d’une machine Xerox, la chair se transforme en document.
Cette transformation du corporel en documentaire peut se comprendre comme un premier pas vers la disparition symbolique de l’humain : le corps est incarné par un document-discursif et non par un groupe de cellules-tissées. Si cela était vrai, l’action de s’auto-photo-copier, ou de de reconnaître son propre corps au moyen d’une photocopieuse est une des premières traces de cette métamorphose que nous vivons actuellement où le corps est une projection discursive de nos actes parlants, de notre langage rituel.
Pensons un moment à la disparition symbolique de l’humain. Les réseaux sociaux, un des phénomènes clefs pour comprendre le XXIème siècle qui établit cette métamorphose comme principe de base. L’espace de sociabilisation ne nécessite plus une corporalité, mais une discursivité.
Discursivité rendue évidente par ce que nous partageons, commentons, quand nous donnons un like, au moment où nous disons faire un retweet, ces actes parlants, déterminent les catégories et les signes avec lesquels notre corps doit être lu.
Claudio Perna, Eléonore Schöffer et Eduardo Kac utilisent cette technologie comme première approche de ce phénomène encore embryonnaire, dans lequel le charnel est un résidu documentaire d’une attitude face à la technologie qui propose la disparition de l’humain au profit d’un enrichissement symbolique du discours-corps.

Accepter cela, c’est reconnaître que l’art par photocopies est la semence dont germe une partie de notre société contemporaine, qui se base justement sur l’échange, symbolique et textuel du corporel au détriment du physique et de sa manifestation directe la chair humaine.

Commissariat, Rolando J. Carmona.