L’ÉNIGME DU DÉSIR

du 27/03 au 23/05/15

ERNEST BRELEUR

Qu’un escargot manquant se faire écraser sorte de sa coquille et explore un nouvel univers : énigme du désir. Qu’il s’agrège à une plante pour se protéger de la chaleur : énigme du désir. Chez Ernest Breleur, la femme est métaphore ; le corps symbole de la vie. Car ce que l’artiste creuse, après avoir longuement – et longtemps – exploré la face noire de l’existence, l’impuissance, la finitude, c’est ce que les philosophes classiques nommaient appétit, en allant du vivant le plus insignifiant à l’être duquel le monde puise l’ensemble de ses significations. 

Cette ronde obsédante et proliférante tend à percer ce qu’Ernest Breleur nomme « l’énigme du désir ». Aenigma : parole obscure ou équivoque, qu’on laisse entendre. C’est un substantif féminin. Ce pourrait être un autre nom de Dieu. De cette interrogation en forme de quête, le peintre reprend indéfiniment le même motif et le compose différemment. Une accumulation de chairs féminines flotte dans un milieu liquide ou gazeux. Des sexes innombrables engloutissent proprement la vision. Des corps célestes s’entrelacent dans un mouvement sans commencement ni fin. Une population se renouvelle constamment sous la fièvre figurative d’un désir qui, de l’artiste, brûle la main. 

Désir énigmatique que celui de l’artiste sidéré. Que montrent les dessins ? On peut croire qu’ils expriment un culte secret : à un astre, des étoiles, une constellation. Ne disent-ils pas, tout au contraire, le nécessaire renoncement à la voie lactée et à ses éblouissants azurs ? Entre l’au-delà et l’ici-bas, Ernest Breleur ne tranche pas. La parole est suspendue, le secret conservé, la nostalgie intacte.

Séloua Luste Boulbina